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©Angélique Stehli
©Angélique Stehli

Artiste

Violette Stehli

 

À l’occasion de notre exposition et boutique de Noël Madame M (Décembre 2018), l’artiste Violette Stehli nous ouvre les portes de son royaume dressé de mythologies et de fascinations étranges.  

– Bonjour Violette, comment allez-vous, surtout maintenant que les guirlandes et les sapins arborent les rues de Paris?

Bonjour! Je vais bien merci! C’est vrai que Paris a un petit côté magique avec les lumières et toutes les décorations. Mais pour moi c’est surtout un moment excitant car j’ai toujours plein de commandes intéressantes qui arrivent avec la période des fêtes et que ca me donne un petit élan supplémentaire au niveau de ma créativité et de mon travail.

– Vous avez étudié à l’Université de Sydney en art vidéo et cinéma expérimental. Comment était ce passage en Australie? Quels souvenirs en avez-vous?

J’ai vécu presque quatre ans à Sydney, c’est une ville que j’adore et qui me rappelle beaucoup San Francisco où j’ai grandi. En Australie la nature est toujours proche, il suffit de s’éloigner un peu de la ville pour se retrouver dans des endroits complètement sauvages. Ce contact avec la nature est essentiel pour moi, autant pour trouver mon inspiration pour mes bijoux que pour mon épanouissement personnel.  

Clément Bataille
Clément Bataille

– Y-a-t’il eu un élément déclencheur pour que vous deveniez artiste?

Je crois que c’est quelque chose qui a toujours été present en moi comme une graine, mais j’ai eu beaucoup de chance d’avoir pu être toujours entourée de gens qui m’ont encouragé à la cultiver et à la faire pousser.
Enfant, j’ai été dans des écoles alternatives qui travaillent beaucoup autour de l’épanouissement de chacun et qui permettent à chaque élève de trouver son talent et à le developper. Ce sont des écoles qui se focalisent aussi beaucoup sur l’apprentissage des travaux manuels. J’ai eu de la chance d’apprendre très tôt à travailler le bois, à peindre, à cultiver un potager, à coudre et à tisser des textiles, à faire mes propres jouets, et je pense que ça à eu un impact essentiel sur ma créativité. En plus de ça j’ai énormément de chance d’avoir un père passionné d’art et de culture qui nous a toujours encouragé (moi et ma soeur qui est photographe) à être des personnes curieuses de tout et qui nous a toujours apporté tout son soutien pour qu’on puisse s’épanouir en faisant ce qu’on aime.

– Aujourd’hui, vous vous spécialisez dans la création de bijoux. Comment le bijou est-il arrivé dans votre processus créatif?

La bijouterie est une pratique qui me permet d’exercer pleinement ma créativité en utilisant de manière égale mes mains et ma tête. Je fais tout à la main moi-même et je prends beaucoup de plaisir à suivre un processus qui commence dans mes pensées et qui se traduit ensuite dans quelque chose de concret que j’ai construit moi même.
J’ai toujours aimé les bijoux. Ma grand-mère avait une collection fabuleuse de pièces uniques fabriquées par le meilleur ami de mon grand-père, donc je me rappelle d’avoir été très tôt fascinée par les pièces qu’elle portait. Par contre je ne pensais pas du tout en faire mon métier. Lorsque j’étais aux beaux arts, j’ai commencé à présenter mes films dans des installations en forme de cabinets de curiosité et peu à peu j’ai commencé à vouloir fabriquer des pièces entre bijoux et performance que je pouvais intégrer à ces cabinets.
En fait tout mon travail à toujours été centré autour de notre rapport à la nature, et donc au fil du temps j’ai réussi à créer des pièces qui me permettaient de garder la nature avec moi et de collectionner des endroits et des souvenirs de manière tangible.

Bijoux Égyptiens pour doigts de pieds
Bijoux Égyptiens pour doigts de pieds
©Cécile Chabert

“Enfant je collectionnais déjà les os, les griffes, les dents, des cailloux, des morceaux de bois, je gardais tout dans des boites dans ma chambre, sans savoir que ces mêmes choses me serviraient des années plus tard en fabriquant ma première collection.

– De la pince de crabe aux dents d’ours, le moulage à partir de matériaux organiques sont au centre de vos créations. Vos bijoux deviennent un pont entre le monde humain et le monde animal. Qu’évoquez-vous au travers de ces créations ?

J’éprouve depuis toujours le besoin d’avoir un lien permanent avec la nature. À travers mon travail j’ai la chance de pouvoir transmettre ce lien aux autres et, j’espère, de leur permettre de ressentir ce lien de façon intime et immédiat. Enfant je collectionnais déjà les os, les griffes, les dents, des cailloux, des morceaux de bois, je gardais tout dans des boites dans ma chambre, sans savoir que ces mêmes choses me serviraient des années plus tard en fabriquant ma première collection.

–  On retrouve les codes des bijoux Victoriens dans votre univers, en ce temps on pouvait trouver des éléments organiques (cheveux, ossements) intégrés aux pièces. Êtes-vous attachée à une période particulière? Quelles curiosités anciennes inspirent votre travail? 

J’adore l’époque Victorienne pour toute une multitude de raisons, mais leurs traditions autour de la bijouterie et de la joaillerie étaient incroyables. J’y retrouve la même fascination pour le corps et le souvenir, et cette idée de porter sur son soi au quotidien des pièces presque talismaniques liées à des moments dans le temps et à des émotions profondes.
Par contre je ne suis pas attachée à une période en particulier. Il y à des choses qui me passionnent à toutes les époques, mais je suis particulièrement attirée par tout ce qui à un caractère un peu étrange et poétique à la fois. Je pense particulièrement aux parures en or que l’on mettait sur les doigts de pied des pharaons dans leur sarcophages ou aux labrets en quartz transparents portés dans les lèvres et les oreilles à l’époque néolithique. J’adore les bijoux qui permettent de presenter une version augmentée du corps humain. Les bijoux sont présents dès les origines de l’humanité alors que ce sont des objets complètement facultatifs, ils sont vraiment l’expression la plus pure de qui nous sommes et de ce que nous aimons.

Labret en quartz
Labret en quartz

– Si l’on prend compte du mysticisme enrobant vos oeuvres – le merveilleux soulignant vos bijoux –, portez-vous quelques attentes envers ceux qui portent vos créations?

C’est une bonne question à laquelle je n’avais jamais pensé! J’espère que les gens qui portent mes bijoux sont un peu comme moi quelque part, c’est à dire qu’ils cherchent, comme moi, à avoir une connexion forte à la nature et au monde qui les entoure.

“J’espère que les gens qui portent mes bijoux sont un peu comme moi quelque part, c’est à dire qu’ils cherchent, comme moi, à avoir une connexion forte à la nature et au monde qui les entoure.”

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© Cécile Chabert
© Cécile Chabert

– Pendant l’exposition Something in the box l’année dernière et le Madame M de cette année, vous avez pris soin de composer des boîtes pour présenter vos bijoux. Elles semblent prendre la forme de mini-cabinets de curiosités. D’où vous vient cette attention portée sur la présentation de vos créations?

Je crois que ça vient du fait que j’aime beaucoup pouvoir raconter une histoire autour des objets que je fabrique. C’est vrai qu’il y à une part de cabinet de curiosité dans ces installations parce que c’est une tradition qui me fascine vraiment et depuis toujours, et que même à l’époque ou je faisais surtout des films je les présentais toujours sous une forme évoquant le cabinet de curiosités. En plus de ça je prends beaucoup de plaisir à créer des choses avec mes mains, donc à chaque fois c’est un petit défi pour moi d’imaginer une histoire et un univers pour chaque bijou. C’est aussi une façon de faire rentre les gens dans mon monde esthétique et imaginaire.

 

– Si vous pouviez rencontrer une personne du passé – un.e artiste pourquoi pas – qui serait-elle?

Hum… bonne question… Je ne suis pas hyper nostalgique des époques où des gens qui ont vécus dans le passé, mais je crois que j’aurais adoré passer une journée dans le laboratoire d’Etienne Jules Marey. C’était un inventeur touche à tout qui à eu un impact considérable sur des domaines totalement différents allant de la cardiologie à l’aviation et à la biologie. Il est considéré comme l’un des pionniers de la photographie et du cinéma et c’est une des premières personnes à s’être intéressé de manière scientifique au mouvements du corps humain et animal qu’il capturait en détail avec un ‘fusil-photographique’ capable de prendre 12 images par seconde (je vous encourage vivement à chercher sur internet à quoi ressemblait ce fusil, ca vaut le détour!). Mais la partie de son travail qui me touche le plus est celle qu’il a entamée dans les trois dernières années de sa vie, lorsqu’il a consacré son temps à étudier les mouvements de l’air en construisant des machines incroyables traversées par des courants de fumée. Pour moi ce sont une des plus belles inventions humaines de tous les temps.

Etienne Jules Marey
Etienne Jules Marey

–  Vous avez proposé pour Madame M une création exclusive. Pouvez-vous nous en dire plus sur comment Madame M vous a inspiré et l’histoire de la médaille?

Je voulais créer une pièce qui s’inscrive dans le thème de l’exposition mais qui parle aussi de mon univers. C’était aussi l’occasion de faire quelque chose de spontanée et d’unique destinée à être limitée dans le temps. En écoutant Emily et Jean-Baptiste parler du personnage de Madame M et je me suis dit que le personnage de Madame M aurait certainement une multitude d’amants éplorés qui lui offriraient de bijoux pour lui prouver leur amour.

De fil en aiguille, j’ai pensé à un pendentif très à la mode dans les années 1900, conçu par un bijoutier lyonnais, Alphonse Augis, qui reprend le vers célèbre de Rosemonde Gérard “chaque jour je t’aime davantage, Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain”.

C’est un pendentif que j’adore parce qu’il à un aspect très moderne pour son époque, mais il porte un message intemporel. Je me suis donc dit que ce serait l’occasion parfaite de re-interpreter cette médaille à ma façon. Le résultat est une pièce en vermeil gravée à la main en édition limitée qui reprend les éléments de la pièce originale mais dans un style un peu brut qui correspond plus à mes créations.

 

–  Vous vous présentez sur Instagram comme étant une “Odd Plant enthusiast” (ndlr. Enthousiaste de plantes étranges). Nous aimerions justement en savoir plus sur cette petite collection!

Depuis plusieurs années maintenant j’ai développé une fascination pour les plantes rares. Mes grandparents étaient botanistes férus de plantes et ils ont passé leur vie à collectionner des espèces et à les cultiver dans leur maison en Touraine devenue au fil des années un veritable jardin botanique.

Je collectionne particulièrement des plantes grasses provenant d’une région qui se situe entre l’Afrique du Sud et la Namibie qui est composée de deux deserts séparés par une chaine de montagnes, appelés respectivement le Grand Karoo et le Petit Karoo.

Ce sont des plantes incroyables par leur aspect et leur diversité. Il y a des plantes qui miment les cailloux pour passer inaperçues, il y en à d’autres qui ont développé des troncs en bois spectaculaires pour stocker l’eau, certaines ont des feuilles transparentes pour pouvoir absorber le plus de lumière possible. Et leurs cycles de vie sont passionnants à observer. D’être la gardienne de toutes ces espèces au jour le jour m’apporte beaucoup de joie et de bien-être. Quand je m’en occupe je me retrouve dans un état de méditation et de sérénité totale. Inversement quand je découvre une plante que je ne connaissais pas ou que je trouve un spécimen rare qui est sur ma ‘wishlist’ depuis longtemps j’entre dans une espèce d’état de transe et d’excitation familier à tous les collectionneurs passionnés. Bref, je suis une obsessionnelle des plantes et ça me fait beaucoup de bien!

 – Propos recueillis par Vittorio Pessin –

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