Commissaire et critique d’art indépendant, Gaël Charbau soutient la création aux côtés d’institutions et de mécènes tels que le Palais de Tokyo, Audi Talent Awards, la Fondation d’entreprise Hermes. Il met en lumière et accompagne les jeunes talents en créant avec Laurent Dumas la “Bourse Révélation Emerige” en 2014, véritable chef d’orchestre, Gaël est également responsable de la programmation arts visuels au Collège des Bernardins, où se tient actuellement une exposition d’Edgar Sarin.
– Bonjour Gaël, pourrais-tu en premier lieu te présenter ?
Je suis un commissaire d’exposition indépendant : je travaille pour différentes institutions et mécènes avec lesquels j’organise des expositions dans cet univers qu’on appelle « l’art contemporain ». Je travaille régulièrement avec de jeunes artistes et une part de mon activité consiste à les accompagner en les aidant à révéler tout le potentiel de leur pratique dans cette première partie de leur carrière.
– Comment pourrais-tu résumer le métier de commissaire ?
C’est un métier en forme de couteau suisse qui mobilise beaucoup de compétences : l’écriture, la prise de parole, l’invention d’exposition, qui se transforme aussi souvent en une pratique de la scénographie: il s’agit de savoir inscrire des récits et des histoires dans un espace fixe, délimité, qui est celui d’une institution, d’un monument historique ou du « white cube » d’une galerie.
La scène artistique ________________________
– Quelle est la nature de ta relation avec les artistes ?
Ma relation n’est pas la même avec tous les artistes. Avec certains d’entre eux, nous échangeons sur la création même des oeuvres, nous discutons parfois de la matérialité, des aspects techniques de leurs réalisations, de manière très concrète. Je me glisse à cet endroit plutôt intime de la relation d’un artiste avec son œuvre, dans l’antichambre de la création. De façon plus classique, mon travail consiste aussi à essayer de poser les bons mots sur une démarche artistique, de manière à donner quelques clefs au public pour qu’il puisse entrer par un moyen ou un autre dans l’univers de l’artiste.
– Peux-tu nous faire un rapide état des lieux des aides à la création aujourd’hui ?
Il y a eu un certain désinvestissement de l’engagement de l’Etat dans la culture et, en même temps, une importante émergence d’artistes. Quand on regarde la scène aujourd’hui, il y a beaucoup plus de galeries, beaucoup plus d’artistes que dans les années soixante ou soixante-dix… Ce double mouvement à amené les fondations privées à comprendre qu’elles pouvaient jouer un rôle important dans la culture… et elles y trouvent un intérêt bien sûr. Le rôle de commissaires indépendants comme moi est de parvenir à maintenir une exigence « institutionnelle » dans la conduite de projets culturels : lorsqu’il s’agit de fondations d’entreprises, il ne faut pas encourager l’orientation produit, business ou marketing. Notre rôle est au contraire d’arriver à maintenir cette énergie artistique, incontrôlable, inaliénable.