Pour sa 18ème édition, le Parcours Saint-Germain met à l’honneur “l’art de la forme”.
Les formes sont celles qui différencient l’art des mots, créent des images et suggèrent le fond.
L’histoire des formes est celle des artistes. En cela réside leur force, leur capacité à créer. Libre de tout mot, les artistes, dotés d’une hyper sensibilité aux choses qui les entourent, prennent pour palette l’ensemble des matériaux et objets qu’offre leur environnement pour créer ce qui ne s’énonce pas. Les raisons du passage à l’acte sont multiples : s’exprimer, témoigner, interroger, se guérir ; les artistes parviennent à faire surgir des images et des volumes dont eux seuls maîtrisent la genèse.
L’apparition des nouvelles matières, des plus palpables aux plus digitales donne lieu sans cesse à une appropriation de celle-ci par les plasticiens. L’artiste construit, déconstruit, explore les potentiels de la matière; forme, déforme pour produire des pièces informes, déformées, formidables.
Désormais souveraines, les oeuvres deviennent les inventaires silencieux des expérimentations, obsessions, combats des artistes. Abstraites, figuratives, polymorphes, hybrides, composites : voici qu’à leur tour, elles sont jugées et appréciées par leur représentation.
Les artistes ont leur propre vocabulaire formel. Notre monde est façonné d’un côté par les formes de l’existant produites par les enjeux d’usages et de l’autre côté, les formes des artistes. Les deux répertoires se répondent et s’inspirent mutuellement. Le Parcours Saint-Germain est l’écrin parfait pour révéler ces correspondances. Au travers des vitrines, suspendues dans les boutiques, au-dessus des banquettes des cafés mythiques, les visiteurs observeront bientôt ces oeuvres. Face à elles, ils s’accorderont ce moment de contemplation, leurs regards portés sur ces formes jusqu’ici inconnues, atteignant peu à peu leur propre fond.
Texte d’Elsa Janssen