Super Green
Exposition à l’hôtel Le Cinq Codet
L’exposition Super Green invite les visiteurs à reprendre contact avec la nature à travers un parcours d’art et de design. Du 7 Septembre au 22 Octobre 2017
L’exposition Super Green invite les visiteurs à reprendre contact avec la nature à travers un parcours d’art et de design. Du 7 Septembre au 22 Octobre 2017
Dans le couloir, une odeur de terre vient soudainement absorber le nez, émanant du chemin de plantes végétalisé.
Au fond, les atmosphères nous emmènent encore un peu plus loin… Presque au bout de l’horizon, les toiles en dégradé de Dorothée Recker nous font toucher le ciel et le Paradosso de Pierre-Emmanuel Vandeputte nous fait dormir debout, avant que la lampe Céleste de Vincent Loiret ne rallume tout le colorama, incrusté par ailleurs sur le sac minéral de Marion Du- clos Mailaender.
Brute, cette même matière fait encore irruption dans les Manufactures en argile d’Isabelle Daëron ou sur la surface de cire et béton des tableaux de Jean-Baptiste Caron, comme autant d’abstractions aériennes où l’on sentirait presque le vent souffler.
Tout autour, c’est un jardin d’hiver contemporain qui se déploie par touches, rythmé par les trois parfums des Eaux Arborantes de Philippe Di Méo: une vidéo de Julien Discrit dévoile des fourmis aux prises avec un ruban, tandis que le bois de l’Atelier Marotte se transforme par la fantaisie de Pier Stockholm. Dehors, le jardin se suspend, transcendé par Romain Vicari.
Dans la mesure du saisissable s’inscrit comme un ensemble de tentatives et d’expérimentations qui souhaite poétiquement faire l’empreinte de courants d’air. Ce tableau de cire et de béton est ainsi ce qui, par essence, demeure insaisissable : l’air et ses mouvements. La surface ondulée en bas-relief reste fragile, elle semble d’ailleurs être en mutation, organique, évoquant ainsi de possibles transformations de la matière. Ces métopes contemporaines accrochant l’air et ses mouvements contraires, s’inscrivent comme de fragiles révélateurs des ce qui nous entourent.
Jean-Baptiste Caron est né en 1983, il travaille et vit à Paris. L’artiste s’approprie la part de poésie que chaque objet, même le plus insignifiant, porte en lui, a n de faire oeuvre. À partir d’éléments très simples – poussières, béton, courant d’air – l’artiste joue les prestidigitateurs et détourne les règles de la nature, qu’il s’agisse d’attraction terrestre ou de force de gravité. Avec un langage minimal et quasi-immatériel, l’artiste cherche à brouiller la frontière entre le domaine de la pensée et celui du possible, repoussant toujours un peu plus loin les limites.
Les tableaux de Dorothée Recker-Launois font état d’un point de passage, d’une perception sensible à sa transposition matérielle. Il s’agit pour elle de faire exister un espace, né de la rencontre entre surface et couleur. Dominant son vocabulaire plastique, les gradations colorées suggèrent des paysages aériens, tout en nous opposant leurs artificialités. La toile se fait le lieu d’une projection céleste, la tentative de contenir une présence im- matérielle. Elle n’existe pourtant que par sa dimension physique, s’appréhende par sa taille, sa gravité, son ancrage dans l’espace. De plages en vagues, les couleurs s’y dissolvent, absorbent la trace du passage de la main. L’absence de limites et de points de fuite, l’impossibilité de toute mise au point, affirment ici autant la quête d’un horizon, notion centrale de son travail, que le désir d’y perdre ses repères.
Artiste franco-allemande née en 1984 à Oslo, Dorothée Recker travaille et vit à Paris. La volonté de produire des images constitue le point de départ de son œuvre. Tableaux, photographies, lmages et objets font état d’une perception, exprimée sous ces différentes formes. Son travail se nourrit en premier lieu d’expériences sensibles, de phénomènes naturels et universels. Ainsi l’artiste célèbre les couleurs du ciel, la profondeur de l’horizon et le mouvement des vagues, la sensation du sable et la lumière du soleil.
Le ruban figuré dans l’oeuvre porte le nom d’August Ferdinand Möbius, mathématicien allemand qui, en 1858, dépose un mémoire à l’Académie française des sciences lui attribuant cette découverte. Si le ruban est resté un objet de fascination des mathématiciens tout au long du 19e siècle, il a rapidement été récupéré par certains des penseurs les plus influents des sciences humaines et sociales ; la psychanalyse lacanienne, par exemple, utilise la bande de Möbius comme modèle de spatialisation du travail de l’inconscient. L’aspect formel de la vidéo de Discrit, quant à lui, emprunte à une série de dessins et de gravures sur bois produites par M.C Escher au début des années 1960, sur lesquels on peut voir neuf fourmis rouges circuler sur un ruban de Möbius, généralement placé à la verticale. Précisément une forme en torsion, le ruban de Möbius, qui devient par la vidéo un espace senti, expose la relation cyclique entre l’élaboration physique d’un concept mathématique, sa récupération par la théorie des sciences humaines et sociales, ses représentations artistiques potentielles et l’expérience qu’il est possible d’en faire en tant que phénomène physique. En évoquant simultanément ces contextes, la proposition de Discrit met en évidence les liens entre abstraction mathématique et réalisme organique, concédant que « toute conception du psychisme doit se fonder sur son enracinement dans le corps, par la perception sensorielle d’un objet concret et externe ». – Daniel Fiset.
Né en 1978 à Epernay en France, vit et travaille à Paris. La géographie, en tant que tentative pour « décrire le monde » – ou du moins en donner une représentation possible -, constitue pour Julien Discrit une source importante de ré ex- ion. Mettre en forme les décalages, les ambiguïtés et les para- doxes qui se nouent entre la carte et le territoire pourrait peut- être résumer une recherche qui se déploie de l’installation à la performance, de la photographie à la vidéo. Julien Discrit a participé à de nombreuses expositions personnelles et collec- tives dont en 2015, Territoire Hopi à la Galerie YGREC, Paris, Sublime au Centre Pompidou-Metz, la Biennale de Lyon en 2011, ou la Consistance du visible, prix de la Fondation d’entreprise Ricard en 2008.
Manufactures prend appui sur un procédé lent et à l’échelle de la main : constituer des objets à partir de pincées d’argile. Prendre une pincée, la déposer, recommencer, chaque nouvelle action étant déterminée par la précédente. À chaque geste, l’équilibre est à retrouver pour dessiner un volume qui puisse résister à l’épreuve de la gravité.
Née en 1983 à Plœmeur, elle vit et travaille à Paris. Diplômée de l’ESAD de Reims et de l’ENSCI-Les Ateliers, Isabelle Daëron développe des projets questionnant le milieu habitable et les éléments naturels, à travers la conception d’objets, d’espaces et d’installations. Qu’est-ce que l’habitable aujourd’hui ? Les enjeux environnementaux contemporains impliquent la nécessité d’interroger cette notion et notamment dans son rap- port à la technique qui la détermine en partie. Isabelle Daëron a créé son studio en 2010. Elle participe à des programmes de recherche pour le pôle recherche de la Cité du design de Saint- Étienne et enseigne le design objet à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris.
Vases en forme de sacs de soirée, sacs à main trop lourds, ces vases sont l’assemblage d’échantillons de matériaux, souvent refusés par ses clients, pour les rendre désirables. Ils empruntent à la mode une attitude avec une certaine ironie. Marbre, granito, laiton. Chaque pièce est unique.
Marion Duclos Mailaender est née à Marseille en 1979. Elle vit et travaille à Paris. Après avoir été diplômée de l’Ecole Boulle en 2002, elle crée en 2004 son agence d’architecture intérieure Design & Fils, où elle conçoit également des objets. Marion Duclos Mailaender utilise dans ses objets des détails du quotidien qui peuvent paraître anodins, mais qui pourtant constituent la base d’un souvenir. Dotés de peu de frontières entre les styles et de beaucoup d’humour, les projets de Marion Duclos Mailaender poussent les limites du bon goût.
Végétaux, minéraux et matières animales sont ici unifiés par le «sang de l’arbre», cette résine naturelle, employée pour le processus de laque. La laque japonaise est l’empreinte, d’un mondes terrestre et spirituel qui se croisent et se mélangent. La surface brillante de l’amphore reflète une vision altérée de la réalité. Entre deux mondes, la peau de serpent d’eau devient branche d’arbre, le cuir se durcit tel un tronc, le pigment forme de la mousse, la coquille d’oeuf projette la lumière, crin et cheveux s’embrassent tels une allégorie de la terre nourricière. Chacun d’entre nous est invité à prendre part à ce voyage, au travers de la méditation où les portes de l’inconscient peuvent être désormais franchies et les symboles révélés…
Liquides Imaginaires est fait d’esprits proches du parfum qui se plaisent à travailler ensemble, de compétences qui s’additionnent, d’univers créatifs qui se croisent pour le meilleur de la création. Une réflexion collective qui aborde le parfum dans ses expressions les plus diverses. Avec Philippe Di-Méo, ils imaginent la trilogie de parfums. Les Eaux Arborantes sont un hommage sacré à l’arbre, au monde sauvage, végétal et animal. L’arbre est le totem de cette trilogie. Vénéré tel une divinité, il devient un être myhtique et protecteur.
Céleste est un drôle d’objet. Inspiré des ciels étoilés, des arcs-en-ciel, il n’en est finalement qu’une version terriblement pesante. C’est donc ailleurs que dans la légèreté ou dans la transparence qu’il cherche grâce… Céleste s’apparente au fond plus à une étrange météorite qu’à autre chose… Édité par Playground Edition.
Diplômé de l’École Boulle et de l’École Normale Supérieure de Cachan, Vincent Loiret (1977) partage son temps entre diverses activités : dessin, écriture, design, enseignement… Les objets qu’il crée sont avant tout des interrogations. Il y est souvent question de dysfonction, de fragilité, d’objets qu’il faut apprivoiser. Ce sont en somme des objets qui se jouent de l’évidence et qui demandent avant tout à être compris.
En collaboration avec l’Atelier Marotte, Pier Stockholm imagine trois sculptures à partir de panneaux contreplaqués de bois nobles; Palissandre de Santos Morado ou encore ébène de Macassar Kaju. À travers ces trois pièces, l’artiste confronte les bois précieux aux matériaux bruts et industriels comme le béton et la mousse Polyform. Conçues comme des totems, ces formes autour desquelles on tourne créent une chorégraphie de cou- leurs et de géométries. Lorsque l’on s’en approche, les détails de chaque pièce semblent s’entrechoquer sans libre arbitre et dans une forme de chaos. La chaleur du bois, ses motifs organiques et la justesses des formes contrastent visuellement avec les modèles de béton plongé et l’aspect doux et arti ciel de la mousse bleue.
Né en 1977 à Lima au Pérou, vit et travaille à Paris. Son oeuvre est très formelle, elle incorpore des pensées et références personnelles, des obsessions et des histoires subjectives qui mènent à l’essence même de la vie. Pour Pier Stockholm, l’art est une question d’endurance, de perte et de redécouverte de la foi, il est persuadé que l’inattendu est essentiel à la créativité. Systèmes de mesures aléatoires, échelles et couleurs, Pier Stockholm s’inspire des références telles que l’architecture moderniste, l’histoire, le design, les diagrammes, les échelles, les rituels, les classifications, les icônes et les ornements: chaque pièce commence par une règle ou une méthode de production a n d’y intégrer de l’inattendu.
Romain Vicari nous propose une installation dans la terrasse de l’hôtel. Une grande feuille en résine sera exposée parmi les arbres et la végétation. Seule la sculpture et une feuille en résine posée au sol seront mises en lumière.
Né à Paris en 1990, l’artiste italo-brésilien travaille à Paris. Romain Vicari explore les espaces urbains. Depuis sa jeunesse à São Paulo jusqu’à aujourd’hui, l’artiste parcourt les sites, les chantiers ou les lieux désaffectés, a n de les apprivoiser et les occuper. Chaque lieu est un laboratoire éphémère qu’il investit en tant que médium artistique. Au sein de ces espaces, il crée ses installations: la lumière et la couleur mettent ainsi en valeur l’univers artistique propre à l’artiste et les matériaux employés tels que le plâtre, le béton, la résine et les structures métalliques, nous rappellent l’importance accordée à ces es- paces publics et architecturaux. Les oeuvres de l’artiste sont à la fois d’une grande délicatesse bien qu’en opposition à la dureté des matériaux utilisés. Grâce à ses investigations, l’artiste s’approprie des objets qu’il exploite au travers d’une nature organique et végétale débordante de légèreté, d’une matière colorée et de torsions élégantes, venant s’agréger aux barres d’acier structurant ses installations chamaniques.
Le Paradosso est composé d’un repose-dos en cuir main- tenu par une structure métallique. Il permet à l’utilisateur de s’assoupir tout en étant actif. Paradosso répond à la société active et à la pensée rationnelle, il est une invitation à dormir debout, une parenthèse dans la ville et sa réalité. Dos à Paradosso, la rêverie prend place.
Designer belge, né en 1991, Pierre-Emmanuel Vandeputte est diplômé en Design Industriel de la Cambre en 2014. Il ouvre son propre studio la même année en résidence au MAD in Situ à Bruxelles. L’objectif de son travail est de faire vivre des expériences. Le design de Pierre-Emmanuel Vandeputte est un design énigmatique qui tente de remettre en question l’évidence, propose de modi er les habitudes et invite à une nouvelle perception de la réalité. De ses racines, Pierre-Emmanuel Vandeputte a gardé le surréalisme et l’artisanat. Son travail a en effet la capacité d’associer l’envie de rupture et l’originalité à la noblesse des matériaux..